Christian Bobin
Depuis 2011, Wajdi Mouawad emmène les jeunes qui auront 20 ans en 2015 dans une aventure singulière pour apprendre à penser par eux-mêmes et se débrouiller avec la vie. Cette exposition retrace cette expérience hors du commun et le parcours des jeunes dans leur transition vers l'âge adulte.
Wajdi Mouawad, célèbre metteur en scène québécois, a été, en 2011, le premier à accepter de devenir artiste complice de Mons 2015. Depuis lors, il accompagne un groupe de 50 jeunes venus de Mons, Namur, Nantes, Montréal et La Réunion à travers une expérience humaine, artistique et philosophique exceptionnelle. Il s’agit de leur « proposer les outils et les conditions pour que chacun se forge l’idée qu’il est possible de penser par soi-même », explique-t-il. Eté après été, entre Athènes et Toubab-Dialaw, l’homme de théâtre fait réfléchir et voit grandir les jeunes qui auront 20 ans en 2015. Des voyages initiatiques pour « grandir ensemble ».
Chaque étape est un voyage, symboliquement associé à un verbe qui structure la destination, le contenu du séjour et les personnalités conviées à y intervenir. Le projet est né d’une réplique d’Incendies, pièce de Wajdi Mouawad, où une grand-mère dit a sa petite-fille : « Si tu veux t’en sortir, tu dois apprendre à : lire, écrire, compter, parler et penser. » Débats passionnés, justesse des émotions exprimées, maturité de la pensée et force des questionnements, cette expérience a été fondamentale dans le compagnonnage des jeunes avec l’artiste.
Après Athenes (« écrire ») en 2011 pour décrypter les sources de notre civilisation, Lyon (« lire ») en 2012 sur l’importance des manuscrits dans la transmission de la pensée, Auschwitz en 2013 (« compter ») sur la question de l'industrie de la mort pendant la Shoah, le dernier voyage s'est déroulé a Toubab-Dialow au Sénégal pour le verbe
« parler ». Accompagnés par le footballeur Lilian Thuram, le groupe a partagé le quotidien des habitants et vécu au rythme de l'Afrique. Là-bas, l’oralité est au coeur de la transmission et « parler » incite a s’ouvrir aux autres. Parties de foot endiablées sur la plage, tournois de lutte sénégalaise, ateliers théâtre, grand nettoyage collectif des rues, repas, fêtes tous ensemble et discussions à voix basse sous l'arbre a palabre… Découverte de l'autre et de ce que c'est qu'Avoir 20 ans au Sénégal. Réflexion sur la différence, les discriminations et le racisme. Les échanges et la parole se libèrent et les jeunes avancent encore dans leur apprentissage.
Étape suivante : la Lune ? D’ici là, Wajdi Mouawad laisse un groupe grandi et plus que jamais prêt à poursuivre l’aventure des 20 ans en 2015.
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