"(...) nous vous aimons, Madame"
Jean d'Ormesson
Une vie de combats
Le 23 février 1975 à Caen. Simone Veil, alors ministre de la santé, lors de sa visite d’un centre anti-cancer. AFP
« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les 300 000 avortements qui, chaque année, mutilent les femmes de ce pays, qui bafouent nos lois et qui humilient ou traumatisent celles qui y ont recours. (…) Je ne suis pas de ceux et de celles qui redoutent l’avenir. Les jeunes générations nous surprennent parfois en ce qu’elles diffèrent de nous ; nous les avons nous-mêmes élevées de façon différente de celle dont nous l’avons été. Mais cette jeunesse est courageuse, capable d’enthousiasme et de sacrifices comme les autres. Sachons lui faire confiance pour conserver à la vie sa valeur suprême. »
Simone Veil, présidente du Parlement européen, lors de son discours d’inauguration à Strasbourg, le 18 juillet 1979. AFP
« Venus de tous les continents, croyants et non-croyants, nous appartenons tous à la même planète, à la communauté des hommes. Nous devons être vigilants, et la défendre non seulement contre les forces de la nature qui la menacent, mais encore davantage contre la folie des hommes. » Simone Veil, Une vie
Simone Veil, femme de conviction et d'exception
«Elle allait avoir 90 ans. En 1944, elle a 16 ans quand elle se fait arrêter, à Nice, par la Gestapo puis elle est déportée à Drancy puis à Auschwitz-Birkenau, où elle reçoit le matricule 78651. Elle y perdra son père, sa mère et sa soeur. Elle en gardera dans sa vie publique une gravité et une réserve qui caractérisait de l’extérieur cette femme d’un abord sévère. "On ne sort pas de la Shoah le sourire aux lèvres. Une armée de bourreaux, les crimes du national-socialisme et 2 500 survivants sur 76 000 juifs déportés vous ont contrainte à vous durcir ». En 1974, le Premier ministre Jacques Chirac insiste pour que Valéry Giscard d’Estaing fasse d’elle sa ministre de la Santé. C’est ainsi qu’elle fera passer, au terme d’orageux débats, la loi dépénalisant l’IVG, avant de quitter le gouvernement en 1979, date à laquelle elle est élue députée européenne. Première femme présidente du Parlement européen (1979-1982) puis première femme ministre d’Etat (1993-1995), Simone Veil place le féminisme au cœur de son engagement. Elle est nommée membre du Conseil constitutionnel en 1998, où elle siège jusqu’en 2007. Elue à l’Académie française en 2008, elle a reçu deux ans plus tard son épée d’académicienne, dont la lame est gravée de son numéro de déportée. Respect !»
RENÉ LEUCART
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