Je voudrais réunir, je voudrais identifier presque, la poésie et l'espoir, car écrire de la poésie, c'est « rendre le monde au visage de sa présence ».
Yves Bonnefoy
Auteur de plus de 100 livres, traduit en une trentaine de langues, cité plusieurs fois pour le Nobel, il a été lauréat en France du Grand prix de poésie 1981 de l'Académie du Goncourt et Goncourt 1987 de la poésie.
Dès son 1er recueil "Du mouvement et de l'immobilité de Douve", il est reconnu parmi les plus grands poètes français. Son recueil "Les planches courbes" sera inscrit au programme du bac au début des années 2000.
Critique d'art, Yves Bonnefoy a aussi analysé dans ses ouvrages la poésie des autres ("Notre besoin de Rimbaud"), l'art italien ("Rêve fait à Mantoue", "Rome 1630") ou la peinture ("Giacometti", "Goya, les peintures noires"). Enfin il était le traducteur de l'essentiel du théâtre de Shakespeare.
La France perd un poète lumineux.
La maison natale
VII
VII
Je me souviens, c'était un matin, l'été,
La fenêtre était entrouverte, je m'approchais,
J'apercevais mon père au fond du jardin.
Il était immobile, il regardait
Où, quoi, je ne savais, au-dehors de tout,
Voûté comme il était déjà mais redressant
Son regard vers l'inaccompli ou l'impossible.
Il avait déposé la pioche, la bêche,
L'air était frais ce matin-là du monde,
Mais impénétrable est la fraîcheur même, et cruel
Le souvenir des matins de l'enfance.
Qui était-il, qui avait-il été dans la lumière,
Je ne le savais pas, je ne sais encore.
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Et quelle étrange chose que certains mots,
C'est sans bouche ni voix, c'est sans visage,
On les rencontre dans le noir, on leur prend la main,
On les guide mais il fait nuit partout sur terre.
C'est comme si les mots étaient un lépreux
Dont on entend de loin tinter la clochette.
Leur manteau est serré sur le corps du monde,
Mais il laisse filtrer la lumière
Les Planches courbes
Les Planches courbes
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Que ce monde demeure
I
Je redresse une branche
Qui s'est rompue. Les feuilles
Sont lourdes d'eau et d'ombre
Comme ce ciel, d'encore
Avant le jour. Ô terre,
Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve,
Que ce monde demeure,
Malgré la mort !
Serrée contre la branche
L'olive grise.
Je redresse une branche
Qui s'est rompue. Les feuilles
Sont lourdes d'eau et d'ombre
Comme ce ciel, d'encore
Avant le jour. Ô terre,
Signes désaccordés, chemins épars,
Mais beauté, absolue beauté,
Beauté de fleuve,
Que ce monde demeure,
Malgré la mort !
Serrée contre la branche
L'olive grise.
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Le bonheur ne m’a guère souri sur cette terre.
Où vais-je ? Je cherche dans ces montagnes
Le silence, la paix du cœur. C’est ma patrie,
Je n’errerai plus jamais loin d’elle.
Les cimes de partout redeviennent bleues,
Vais-je te dire adieu ? Non, qu’à jamais,
À jamais bruisse l’eau, refleurisse l’herbe !
HOMMAGE: http://ferreiradiasenoites.blogspot.pt/2013/10/cesilinda-oliveira-yves-bonnefoy-et.html
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